domingo, 1 de agosto de 1999

Qu’est-ce que la médiologie ?


par Régis Debray, août 1999
APERÇU
IL ne suffit pas, on le sait, d’inventer un terme pour fonder une discipline. « Médiologie » est un néologisme - apparu en 1979 dans Le Pouvoir intellectuel en France . Sous ce label, au fil des ans, s’est constitué un carrefour de recherches originales où se croisent philosophes, historiens des techniques, chartistes, esthéticiens et chercheurs en « infocom ». Beaucoup de malentendus, plus ou moins navrants, entourent encore ce champ d’investigation.
Malgré son suffixe, la médiologie ne prétend pas au statut de science, et encore moins « nouvelle » (car ce n’est pas en soi une découverte). Malgré sa racine, la médiologie n’est pas non plus une sociologie des médias sous un autre nom. C’est la fonction médium, sous toutes ses formes, que la médiologie voudrait tirer au jour, sur la longue durée (depuis la naissance de l’écriture), et sans se laisser obnubiler par les médias du jour.
Il s’agit, en première approximation, d’analyser les « fonctions sociales supérieures » (religion, idéologie, art, politique) dans leurs rapports avec les moyens et milieux de transmission et de transport. Le point sensible, et le centre de gravité de la réflexion, est l’entre-deux. C’est la zone encore floue des interactions technique-culture, ou des interférences entre nos techniques de mémorisation, transmission et déplacement, d’une part ; et nos modes de croyance, de pensée et d’organisation, d’autre part.
On voit quelle place occupe parmi les ancêtres Walter Benjamin. Il se demandait non pas si la photographie est un art, mais ce qu’avait changé la photo dans notre conception de l’art. Ou, plus loin encore, les intuitions de Victor Hugo, avec son toujours provocant « Ceci tuera cela ». Importe moins ici le verbe « tuera », éminemment discutable, que la mise en rapport de deux choses apparemment éloignées, le livre et l’architecture, l’imprimerie et le protestantisme. Les médiologues s’intéressent aux effets de structuration culturelle d’une innovation technique (l’écriture, l’imprimerie, le numérique, mais (...)
Taille de l’article complet : 1 694 mots.

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Régis Debray
Ecrivain et philosophe. Président d’honneur de l’Institut européen en sciences des religions (IESR), Paris.

http://www.monde-diplomatique.fr/1999/08/DEBRAY/3178